Thomas est responsable pédagogique du Zoo d’Amnéville depuis février 2019. Il a commencé son expérience zoologique par des stages de fauconnerie notamment à Jurafaune avant de passer son bac, une licence de biologie à Grenoble agrémentée d’une expérience en centre de soin en Bolivie, suivie d’un master éthologie à Paris, avec 12 mois de stages au ZooParc de Beauval (6 mois d’étude sur les okapis, et 6 autres sur les jaguars).
Apres 1 mois en Afrique du Sud au parc Kruger, il a commencé en janvier 2018 en tant que saisonnier à Amnéville, pour enfin accéder au poste de responsable du service pédagogique en 2019.
- En 2021, l’année sera consacrée à la pédagogique au Zoo d’Amnéville. Qu’avez-vous prévu pour cette nouvelle saison ?
Fin 2020, nous avons entamé un projet qui vise à optimiser nos espaces à des fins pédagogiques grâce à des aménagements importants comme une grande plateforme couverte dans l’enclos des girafes, une petite volière de contact pour des groupes, un réaménagement de notre salle pédagogique … L’idée est de moderniser le parc sur tout son aspect médiation scientifique, pédagogique grâce à des structures propices à l’émerveillement et un programme adapté à chaque tranche d’âge. Nous avons également une très forte demande de stages de longue durée, nous avons alors réfléchi à proposer une semaine découverte, durant laquelle les participants découvrent non pas uniquement le métier de soigneur animalier, mais aussi et surtout les missions principales des parcs zoologiques, à savoir la conservation, la pédagogie, la recherche, et ce à travers pléthore d’activités comme la conception d’un panneau pédagogique sur le tri des déchets ou les modes de consommation respectueux.
La totalité du plan d’éducation à la conservation à été revu afin d’établir des lignes directrices et des notions de références pertinentes vis-à-vis de notre rôle « d’école de la nature »
- A votre avis, comment changer/améliorer la pédagogie dans les parcs zoologiques ?
A mon sens, la pédagogie doit évoluer au gré des générations, elle doit faire avec son temps. Aujourd’hui, bien que tout type de public existe, il y a une forte propension à la proactivité, c’est-à-dire que les gens veulent être acteurs de ce qu’ils voient. Des études récentes révèlent que lorsqu’une personne est actrice d’une séquence à visée pédagogique, l’intérêt qu’elle porte pour la conservation et son implication est plus grand qu’un simple spectateur. Bien évidemment, d’un parc à l’autre, le public n’est pas le même, il est donc important de tenir compte du type de public qui visite un parc quand on réalise un plan d’éducation et qu’on élabore ses méthodes d’application. Enfin, on a aujourd’hui des outils technologiques qui permettent d’impliquer les gens dans un processus éducatif. Bien que chaque personne soit différente, la curiosité est un trait relativement universel, à nous de trouver la manière d’activer ce levier pour que notre public s’embarque dans une séquence ludique et pédagogique. L’amusement reste le meilleur moyen d’apprendre !
- Selon vous, est ce que le travail pédagogique est différent à l’époque des réseaux sociaux et y a-t-il un intérêt à promouvoir la pédagogie sur ces nouveaux supports?
Je pense que oui, la pédagogie est différente car d’une génération à l’autre, nous grandissons dans un monde qui offre des stimulations différentes, et inconsciemment nous ne sommes pas sensibles de la même manière aux différents supports. Des personnes qui ont évoluées dans un monde rempli de vidéos, seront moins sensibles à un panneau pédagogique comme le serait quelqu’un qui n’a connu que les livres comme sources de divertissement, je donne des extrêmes mais c’est l’idée. Cependant, comme je le disais juste avant, il faut vivre avec son temps, et pour moi les réseaux sociaux, et autres supports numériques, sont de véritables leviers. La vidéo et l’animation permettent d’expliquer en image des concepts et offrent des perspectives fabuleuses pour toucher les personnes qui, comme moi, sont très visuelles.
- Amnéville se situe proche de la frontière allemande. Avez-vous prévu de faire de la pédagogie particulière pour vos animations ?
En effet, une partie de notre public est germanophone et nous avons décidé de traduire l’ensemble de nos documentations en trois langues, français, allemand, anglais. A commencer par l’ensemble du dispositif de base que sont les panneaux. Notre équipe pédagogique a également été constituée par des animateurs au minimum bilingue. Nous avons créé un partenariat avec l’université de Lorraine pour faire participer activement les étudiants en langue étrangère dans ce processus d’internationalisation.
- En 2021, vous lancerez une nouvelle fois des ateliers « soigneur d’un jour ». Quel sera le programme de ateliers et que pourrons y faire les participants ?
Les programmes soigneurs d’un jour pour les enfants ainsi que ceux pour les ados continuent d’être organisés chaque année. Nous leur faisons simplement subir quelques modifications mineures en fonction des changements qui surviennent au niveau animalier d’une année à l’autre. On prend le temps d’écouter les soigneurs et d’ajuster les programmes en fonctions de leurs recommandations. Par contre, nous rajoutons de nouveaux stages chaque année, en 2020 nous avons lancé la version pour adultes qui vise essentiellement les grands herbivores africains. Bien sûr nous abordons les thèmes liés à la zootechnie, nous sensibilisons les participants aux gestes du quotidien en faveur du climat, et nous profitons d’avoir un public peu nombreux pour parler de notions d’écologie et d’éthologie plus poussées.
En 2021 nous lançons un stage ouvert à tous les âges, ainsi qu’un stage sur une semaine pour les 8 à 14 ans.
- Lors de vos présentations, est ce que la pédagogie sera accès plus sur les espèces menacées ? (gorilles, panthères des neiges etc) ou plus sur l’écosystème (lions, girafes, rhinocéros etc. sur l’Afrique, tapirs, fourmiliers, jaguars etc. pour l’Amérique du Sud)
Les deux ! Nos animations (nourrissages commentés) qui portent actuellement sur les ours brun d’Europe, les gorilles, les hippopotames, les manchots de Humboldt ou encore les loups arctiques sont très accès sur ces espèces. Chaque animateur écrit son propre discours que je retravaille avec lui afin de coller aux attentes des visiteurs, il y a donc plusieurs manières d’aborder une même espèce, cependant, chacune d’entre elle est indissociable du milieu naturel dans lequel elle évolue. On aborde donc aussi bien l’espèce en elle-même que son écosystème.
- Outres les animations habituelles (nourrissages des animaux, soigneurs d’un jour, visite carnivores) avez-vous prévu d’autres animations pédagogiques ?
De nouvelles animations sont en cours de préparation pour enrichir encore la visite, celles-ci porteront sur les espèces peu connues ou menacées.
- « Tiger World » s’arrête en 2021 et des présentations des tigres dans des espaces paysagers sont prévues. Y aura-t-il de nouveaux espaces animaliers pour les tigres et comment se déroulera l’animation du nourrissage des félins ?
Les tigres de Tiger World resteront avec nous, et seront présentés au public dans un enclos paysagé représentatif du milieu dans lequel leurs homologues sauvages évoluent. Une animation pédagogique viendra donner une voix à ces animaux, leurs particularités, mœurs et les menaces qui pèsent sur leur survie à l’état sauvage.
Remerciements à Thomas pour le temps qu’il nous a consacré pour répondre à ces questions portant sur la pédagogie.